Repères et éléments biographiques - extraits iconographiques
La Fontaine d'Amour - La résugence d'Alphée - 2014
La Fontaine d'Amour - La résurgence d'Alphée Dans les rues de Pontoise, le mythe d'Alpheus et Arethusa revisité sous le prisme de la légende de la Fontaine d'Amour. Depuis les premières légendes du Monde, jusqu'aux contes d'aujourd'hui, l'Eau et l'Amour se lient et plongent l'humanité au cœur de leurs affaires. Il suffit de bien peu d'éléments pour que resurgisse intacte la puissance des dieux antiques qui sommeillent vivaces en nous. Nul n'est à l'abri, le temps n'abolit rien, et les âmes sensibles sont soumises aux mêmes énergies anciennes. Dans la mythologie grecque, Alphée, fleuve du Péloponnèse, devient homme par amour pour Aréthuse, nymphe de Diane. Aréthuse pour lui échapper implore l'aide de la déesse qui la transforme en eau et la fait voyager dans les profondeurs de la Terre jusqu'à Syracuse où elle jaillit sous sa nouvelle forme de source. Alphée retrouve sa nature première et rejoint Aréthuse à Syracuse. Dans l'eau, Alphée et Aréthuse s'unissent pour toujours. L'un à côté de l'autre. Dans les légendes de Pontoise (1354), recueillies par l'abbé Denis Trou, on raconte l'histoire tragique d'une fontaine qui lia les destins de deux jeunes amants. Cette source, appelée à l'époque la « Fontaine des Frênes », fut le lieu des rencontres secrètes d'Alix de Nesles et d'un écuyer de son père, Bérenger de Presle. Le père de la jeune fille, apprenant leur amour avec déplaisir, fit assassiner Bérenger sur leur lieu de rendez-vous. Alix en arrivant ne trouva plus que le corps inanimé de son amant; elle alla dans son désespoir s'enfermer à l'abbaye de Maubuisson où elle mourut religieuse. En hommage à leur histoire, on rebaptisa cette source la Fontaine d'Amour. L'histoire dont vous allez voir des extraits raconte le réveil des dieux anciens à travers cette eau jadis marquée du sceau de l'amour et du sang versé. Dans les rues de Pontoise, en 2014, les chemins d'Alfonso et de Clara se croisent et cette rencontre est fatale. Envoûtés par une puissance qui leur échappe, ils sont propulsés dans un destin inéluctable, comme l'ont été Alix et Bérenger. Sous le regard des corbeaux complices, les eaux d'Alphée réveillent la légende, mais Diane veille, et la Fontaine d'Amour manifeste sa puissance dans une apothéose aquatique... Narration plastique en mode hybride Story-board/ BD en 115 planches Récit urbain - patrimoine ancien et contemporain de la ville dePontoise |
Planches 1 à 3 : Soir - vue aérienne de Pontoise , Saint Maclou, des corbeaux. Poursuite du corbeau en vue aérienne, Saint-Maclou, le Petit et Grand Martroy, survol du Presbytère, rue Thiers, descente vers la gare, piqué sur la tête d'Alfonso Planches 4 – 5 : extraits. Planches 6 à 21 : Alfonso regarde le vol de cet oiseau fou, se gratte la tête. La Maison Rouge, puis le corbeau se pose sur la tour de la Fontaine d'Amour. Alfonso : Jamais je n'aurais cru que c'était possible. Depuis que j'avais ce boulot qui me plaisait à Pontoise, tout me paraissait si simple. J'avais trouvé mon équilibre, et finalement je me sentais bien, loin de la famille et du pays. Alfonso prend à droite la rue Pierre Butin, l'Etna, le Carmel, rue Alexandre Prachay, la Bibliothèque Guillaume Apollinaire, place de la Corne, la Librairie Ancienne, place de la Mairie et l’Audience, où il entre. Dans la Librairie Ancienne, un vieil homme range des livres, note, étiquette... « Clara, tu peux y aller, il n'y aura plus grand-monde ce soir. Et n'oublie pas que demain c'est jeudi, je ne suis pas là, » Clara prend ses affaires, sort de la boutique et descend la place et la rue Prachay, il y a du monde devant Utopia, elle tourne à droite et prend par la place de la Harengerie. « Ce vieux, quel puits de science! Faut que je passe au marché de la gare. Plus que deux mois à nager dans la poussière et je change de stage. Ça va parce que la coloc est sympa... Clara, rue Thiers, « Ce soir c'est raclette! » puis vers la rue Saint Jean, passe devant les statues. Pendant ce temps, le libraire feuillette le livre de l'abbé Denis Trou. La boutique, la nuit. Le ciel de Pontoise, des nuages, les eaux, les corbeaux, la lune. Témoignage d'Alfonso qui ne prend son service à l'Aadiance (retaurant) que plus tard. Devant la Caisse d’Épargne, il est distrait par un corbeau. Sur le même trottoir, Clara marche vivement concentrée sur son portable. Collision. Clara injurie Alfonso qui désemparé lui répond en sicilien. Planches 26 à 70 : Alfonso entre à l'Audience, le chien hurle, le patron accourt : - « eh !ho ! (le nom du chien) c'est moi » Le patron : « Ça va Alfonso? T'es bien pâle... » - « nan rien quoi, rien, je...non. » Dans la cuisine, Alfonso est nerveux et maladroit, le patron le regarde, songeur. Ciel nuageux, du vent dans les arbres Nuit. Rue Saint Jean, derrière une fenêtre une silhouette à contre jour. Intérieur, nuit ; le visage de Clara, inquiète, les mains agrippées à son portable : Ce pauvre type, comment tu l'as agressé... T'es nulle, Clara ! C'est vraiment trop nul d'être comme ça ! Nuit, au ras de l'eau près du pont, près de la Viosne, le lavoir (rue de Rouen). Clara au lit éteint la lumière, elle entend un bruit, à la fenêtre une ombre... c'est un chat. Toc ! Cette nuit j'ai entendu un toc, je ne sais pas pourquoi mais j'ai cru que quelqu'un venait de jeter un caillou à ma fenêtre. Je me suis levée, je n'ai pas allumé, j'ai regardé par la fenêtre : personne. Et puis à peine recouchée, encore un toc ! Pas de doute, je me suis dit, on a frappé à la fenêtre. Pure folie, je me suis habillée et je suis sortie, il faisait doux. Sur une branche un corbeau, en bas Clara passe, rue déserte, descend vers la place Notre-Dame, puis rue du Vert Buisson, poursuit sous le pont, un train passe au dessus, l'Oise, vers l'Office de Tourisme, vide, deux personnes assises sur les gradins. L'eau, le vent, au ras de la Viosne. Canrobert. Clara passe devant les péniches du chemin de la Pelouse, croise des gens bizarres . Clara presse le pas, elle va jusqu’à la Viosne... se penche, se penche... Une main la saisit. « eh ma cocotte si tu veux en finir c'est pas là, y a pas d'eau, c'est de la boue ou de la merde ! » J'ai brusquement repris conscience, la femme me tenait fermement ; horrifiée j'ai crié, elle m'a lâchée et je me suis enfuie en courant, elle m'a crié quelque-chose que je n'ai pas compris. Clara s'enfuit dans la nuit. Une source, la nuit, une fille en robe attend, c'est Alix, un pied chaussé, quelqu'un caché derrière un arbre : un valet. Un vol de corbeau. Ce samedi là . Le libraire est avec un client, Clara, la mine un peu défaite, pose des étiquettes, travaille à l'ordinateur. Le libraire la regarde. Clara fait une bourde. Le libraire continue avec le client et regarde Clara du coin de l'œil. Une journée horrible. J'ai fait que des conneries, j'ai failli mettre le feu aux cuisines. Le patron est hors de lui. Il m'a dit de rentrer chez moi. Je ne sais pas ce qui m'arrive, je me sens tout flasque, et j'ai envie de pleurer. Alfonso croise Clara qui sort de la boutique, Clara le regarde avec une expression étrange de défiance , et s'en va. Alfonso reste planté là, comme un idiot « Encore elle ! » Clara : « Ce type! » Visage de Clara. Un corbeau boit à la source. Le libraire trie des gravures – La source du Corbeau - Aréthusa. J'ai passé mon dimanche à penser à tout ça : je n'y comprends rien . Rien. J'ai l'impression de devenir fou ! J'ai voulu me changer les idées en allant au ciné, je ne me souviens même plus du film, je ne voyais que cette fille bizarre... Le lendemain je suis allé à la boutique mais c'était lundi : fermé. Mardi, le libraire m'a dit que sa stagiaire ne viendrait pas aujourd’hui. Le libraire regarde partir Alfonso, Clara sort de l’arrière boutique, Clara est dans la rue. Alfonso passe rue de l’Hôtel de Ville, le chevet Saint Maclou, il se fait interpeller par un Sdf qui s’esclaffe en le voyant . Alfonso est oppressé. J'ai marché jusqu'à la nuit, je ne savais plus où aller. Alfonso passe place des Moineaux devant la boutique d'encadrement, puis devant le musée Tavet et descend vers l'Hermitage. La jeune fille tient les mains du garçon (Bérenger), caché, le valet fait signe de se taire, un autre visage dans les feuillages. Les mains fines de la jeune fille, un bracelet. Alfonso regarde le vol des corbeaux sur l'Hermitage, longe l'Oise, croise un mendiant près du pont, et prend par la rue de la Roche, le musée Pissarro monte au jardin des 5 sens, puis redescend par la rue de la Croix du Bourg, poursuit par la rue Pierre Butin. Je me souviens d'un sentiment de peur sourdre au plus profond de mon être, puis après... je ne sais plus. Planches 70 - 71 : extraits Le pont sur l'Oise, Clara, les Remparts, l'eau. Les quais, le musée Pissarro, le pont du chemin de fer. Témoignage de Clara. Planches 73 à 95 : Au ras de l'eau, des bottes enfoncées dans un ruisseau, quelqu'un de caché. Sur le pont, Clara, une voiture de police passe, un gars lui parle mais elle n'entend rien, il s'approche, elle le regarde. « ...arriver quelque chose, maintenant... » Le gars part en reculant. Des arbres, un feuillage, du vent, un corbeau, une ombre, le jeune homme... « non ! » Clara s’aperçoit qu'elle a crié, les gens la regardent. A ce moment là tout a basculé, il y avait dans l'air une menace confuse, j'ai entendu comme un appel, je savais que c'était grave. Je crois que j'ai crié - je ne sais plus - Les gens me regardaient mais cela n'avait pas d'importance, je devais y aller. Plus rien ne comptait. Clara part en courant, longe l'Oise. Ailleurs, le libraire reprend le livre de Denis Trou. Clara court, la gare, la passerelle, la Maison Rouge... « non ! » Le libraire tourne les pages. Des feuilles, une fontaine. Le jeune homme est assailli, poignard, sang, terre. La lune, le vent, l'eau, du sang dans l'eau. Clara court dans les rues, elle arrive à la Fontaine d'Amour. « non ! » Alfonso : « ce cri .» Dans le jardin de la ville, Alfonso escalade le mur, Rue de la Coutellerie, la Sous-Préfecture, Place Notre-Dame ... Sang et terre. Une main dans le ruisseau. Le libraire ferme le livre de Trou et songe, derrière lui, la gravure de la légende. Alfonso, dans le bas du quartier Saint Martin, la Viosne, le passage à niveau... Planches 96 - 97 : extraits Alfonso arrive au Clos des Anglaises et poursuit rue des Vinets, puis monte la rue de la Fontaine d'Amour, le monument masque Clara qui reste figée. Ils sont de part et d'autre de la colonne comme dans la gravure ancienne du mythe d'Aréthuse. Planches 98 à 113 : Clara regarde la Lune, Alfonso ne la voit pas. Le ciel se déchire. (Diane) Alfonso : « le sang est dans l'eau » Je me suis entendu dire des paroles étranges, je ne sais plus quoi exactement et puis j'ai entendu comme un cri et je me suis que c'était elle, je l’entendais vraiment, je me suis mis à courir comme un fou, ce qui se passait n'était pas ordinaire. Curieusement je n'avais pas peur, l'angoisse agissait sur moi avec une impression de puissance, oui, je me sentais fort, déterminé : la trouver. Sang et eau. Clara regarde Alfonso s'en aller. Calme, elle s'approche de la fontaine. « C'est ici ? ! » Clara pose la main sur la Fontaine. Explosion d'eaux, furie, immense, Pontoise inondée, submergée. La jeune fille (Alix) hurle. Clara : J'étais dans l'eau, complètement dans l'eau, tout au fond, mais je pouvais respirer normalement et cela ne me troublait à peine, j'avais d'autre choses à penser : pourquoi ces cris, et cette lumière... j’avais peur, et j'étais attirée, comme aspirée... aussi incroyable que ça puisse paraître, j'avais peur que ça s’arrête ! Je voulais SAVOIR, je sentais qu'à la fin c’était dangereux... Pontoise sous les eaux. Ces personnages étranges... Nuit noire, l'eau. Alfonso cherche Clara, il court dans la ville endormie, rue de Rouen, le jardin des Lavandières, le château de Marcouville, arrivé, il tend la main vers l'eau du bassin. Clara nage, apparaissent des lueurs, des spectres, Pontoise est sous les eaux. Le jeune homme (Bérenger) tend les mains vers Clara. Dans un monde dé-spatialisé, Clara tente de toucher Bérenger, le poursuit, elle court sous les eaux en remontant le cours de la Viosne, une main la guide. Alfonso est étendu sur la pelouse du parc du château, tout est calme, au bout du bassin une silhouette blanche. Alfonso marche vers Alix. Lune. Clara marche vers Bérenger. Alfonso : Il faisait jour, c'est alors qu'a éclaté une immense rumeur, du parc du château s’est envolée une nuée de corbeaux, le ciel en était noir, nuit noire, le bruit a cessé quand je me suis réveillé, c'était le petit jour, j'avais froid, je me suis levé, c'est à ce moment là que je l'ai vue, elle était là, à quelques mètres, près du bassin toute trempée, très pâle, je la croyais morte, je me suis approché, on voyait le mouvement de sa respiration, lente et calme... Planches 114 – 115 : extraits Épilogue Syracuse, un jeune garçon joue avec l'eau de la fontaine à Ortigia, ses parents, inquiets, l'interpellent. Soleil dans l'eau, un vol de corbeau. Note : ces éléments ont été présentés dans le cadre du spectacle chorégraphique "Alpheus et Arethusa" de Cadmium Compagnie en 2014 et au Musée Tavet - Delacour en 2024. Ce travail a été à l'origine de la commande de la ville de Pontoise, du parcours patrimonial, fil d'Ariane des Journées Européennes du Patrimoine en 2016 : Du côté de l'Harmitage - A l'ombre de Camille Pissarro - Récit urbain.
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