Repères et éléments biographiques - extraits iconographiques
2011 - la Maison imag(in)ée - septembre - octobre - 114 épichromies -
parcours narratif - épichromies -- intervention à la Maison du docteur Gachet - Auvers sur Oise - Conseil général du Val d'Oise -
Texte : Camille Morando
© adagp nicolas blin
télécharger le dépliant - texte de Camille Morando le document d'aide à la visite > Texte de Camille Morando pour l'exposition au musée Tavet-Delacour - Pontoise 2024 Dès ses débuts, l’œuvre de Nicolas Blin s’est attaché aux cheminements discursifs de la narration où l’espace et le temps se dilatent ou se tendent, pour livrer un récit inventé ou vécu. Chaque œuvre ou série d’œuvres, selon différentes techniques, devient l’empreinte d’un moment choisi, effacé, suspendu ou caché. De fait, l’apparition du récit ou de son souvenir est une récurrence dans les œuvres de Nicolas Blin, qui établissent des cercles concentriques, disant toujours et autrement une histoire, intime et quotidienne, poétique et musicale, mise en scène ou dansée. Ses premiers travaux titrés Récits I et II (1984, 1990) ouvraient l’incessant questionnement de l’artiste sur l’histoire de la représentation, qui étend le champ de la figuration à des univers abstraits d’une reproduction de la réalité à proprement parler, et qui s’inscrit dans la tradition du concept texte-image, revisité actuellement par de nombreux artistes. Selon des cadrages décalés, le goût du détail, une palette nuancée de couleurs et un jeu formel synthétique, Nicolas Blin propose des récits plastiques dont les espaces anonymes, familiers et intimes créent un univers personnel. Avec cette exposition, il revient à Auvers-sur-Oise sur les pas des peintres célèbres, dont Vincent Van Gogh auquel il avait consacré en 1990 un polyptyque exécuté à la demande du Festival de musique d'Auvers pour le centenaire de la mort du peintre. Dans la maison du Docteur Gachet, l’artiste, plasticien-narrateur, nous livre sa propre promenade selon une mise en espace de 114 œuvres qui occupent les différents lieux. Comme le confie Nicolas Blin, « quand on visite un lieu tel que la Maison du docteur Gachet on ne peut échapper à la tentation d'imaginer ce qu'il s'y passait, ce qu'il s'est passé, que ce soit des moments extraordinaires dont on a plus ou moins entendu parler, ou bien ces petits instants du quotidien de la vie d'une maison à Auvers ». Lors de ses visites, l’artiste a fait des relevés des endroits existants ou disparus, et collecté l’histoire des Gachet ainsi que ses propres sensations. Selon 111 épichromies de format identique et 3 petits livres-récits, l’exposition rend compte des différents points de vue, de l’atmosphère, des échanges, des odeurs, des bruits d’un lieu qui fut habité, mêlant la mémoire de cette maison et le regard de l’artiste. L’exposition nous invite ainsi à découvrir autrement les différents espaces (jardin, maison) ainsi que les endroits aujourd’hui non visitables, inatteignables ou disparus. D’un récit connu et anecdotique du Docteur Gachet, des conversations avec ses amis peintres, Vincent Van Gogh certes, mais aussi Paul Gauguin, Paul Cézanne et Camille Pissarro, et de la vie quotidienne des Gachet, Nicolas Blin confronte, à des endroits précis, le passé et le présent réinventé, sans souci de véracité historique, associant des souvenirs ou interrogations personnels aux échanges de Paul Gachet avec Cézanne et Pissarro. Les épichromies (technique inventée par l’artiste, proche de la gravure chère à Paul Gachet) sont composées, tel un story-board, d’une bulle d’écriture en guise de légende - toutefois à peine lisible et présentée verticalement, et de plusieurs images où le traitement en noir (encre) fait apparaître l’histoire passée et la couleur les espaces réels. Accrochées dans l’intimité des pièces ou dans le jardin, les œuvres, dont l’homogénéité des formats créent un rythme prégnant, s’intègrent dans l’espace muséal conservé, telles des inscriptions discrètement apposées, et livrent des anecdotes, des mots échangés, des silences, des secrets et des inventions. Leur composition présente un lien subtil entre les couleurs et le dessin des volumes et fait écho à une écriture cinématographique (champ/contre-champ, intérieur/extérieur), où s’inscrit une réflexion sur le temps, sur la matérialité des lieux, sur le vide et le plein. La proposition plastique de Nicolas Blin, comblant avec humour et poésie les lacunes de l’histoire du Docteur Gachet, met en abyme la légende et les différents lieux (jardin, cave, entrée, cuisine, salon, escalier, atelier de Paul Gachet, …), tout en nous invitant à inventer notre propre récit. Camille Morando Musée national d’art moderne -Centre Pompidou |
exposition du 10 septembre au 30 octobre nicolas blin - plasticien narrateur la Maison imag(in)ée parcours narratif - épichromies intervention à la Maison du docteur Gachet - Auvers sur Oise Conseil général du Val d'Oise 005- travail sur le motif, là, Cézanne - épichromie sur ingres d'arche 2011 025-Vincent grave, Gachet pose - épichromie sur ingres d'arche 2011
105- à l'atelier, l'espace du temps - épichromie sur ingres d'arche 2011
112- une surprise - épichromie sur ingres d'arche 2011
075- graver - épichromie sur ingres d'arche 2011
la maison du docteur Gachet Un lieu de mémoire voué à la gravure contemporaine Inscrite avec le jardin à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1991, la maison, achetée par le Conseil général du Val d'Oise en 1996, a ouvert ses portes au public en 2003, 150e anniversaire de la naissance de Vincent van Gogh. La collection de peintures et de gravures du médecin a été dispersée mais les papiers peints anciens portent encore la marque des accrochages passés. Dans l'intimité des petites pièces de cette bâtisse massive, la scénographie, subtile et presque imperceptible, se veut un travail sur la matière des choses, le rapport entre les couleurs, l'équilibre entre les volumes. Les expositions estivales présentent des estampes, gravures ou monotypes contemporains. Informations pratiques La maison du docteur Gachet est une propriété du Conseil général du Val-d'Oise Adresse 78, rue du Docteur-Gachet — Auvers-sur-Oise 01 30 36 81 27 Ouverture Du 1er avril au 31 octobre, du mercredi au dimanche de 10 h 30 à 18 h Par la route depuis Paris Sortir par la Porte Maillot ou la Porte de Clignancourt, suivre l'A86 puis l'A15 en direction de Cergy-Pontoise, bifurquer vers l'A115 à la sortie n° 7 en direction de Beauvais jusqu'à la sortie vers Méry-sur-Oise, puis prendre la direction d'Auvers-sur-Oise En train depuis Paris Au départ de la Gare du Nord, changement à Valmondois en direction d'Auvers-sur-Oise Au départ de la Gare Saint-Lazare, changement à Pontoise en direction d'Auvers-sur-Oise Jusqu'à la fin du mois de septembre, train direct entre la Gare du Nord et celle d'Auvers-sur-Oise, les dimanches et jours fériés |
Quand on visite un lieu tel que la Maison du docteur Gachet on ne peut échapper à la tentation d'imaginer ce qu'il s'y passait, ce qu'il s'est passé, que ce soit des moments extraordinaires dont on a plus ou moins entendu parler, ou bien ces petits instants du quotidien de la vie d'une maison à Auvers. Un visiteur quelconque puisera alors dans ses connaissances ou, intuitivement, s'engagera dans un imaginaire qui lui est suggéré par la scénographie du musée. Intervention : Une exposition dans le cadre de la Maison du Docteur Gachet qui s'appuie sur la narration d'une visite imaginaire (imagée) où se confrontent le passé, le présent et le désir de mémoire (dut elle être fictive en tant que produit onirique). Ainsi ce parcours est une lecture de l'espace scénographique proposé au visiteur. Réalisées à partir de relevés in situ, les œuvres exposées sont directement et exactement liées à l'endroit où elles sont installées (jardin et maison), elles mettent en évidence la confrontation des points de vue présent-passé, elles mettent aussi éventuellement en scène les habitants supposés de la maison en suggérant des situations domestiques a priori sans tenter de restituer une vérité historique. Les 114 épichromies de petit format dont 3 livres-récit racontent des fragments d'histoire. Installées dans le jardin et dans la maison, elles proposent une narration dans la narration-scénographique du musée, comme un livre éfeuillé ou une BD posée directement sur le support muséal: la mise en abyme questionne le point de vue. L'épichromie, image elle même fragmentée, s'articule autour d'un propos écrit (à peine lisible) qui est la voix chuchotée du Docteur ou de la Maison... : une endo-anecdote. La technique de l'épichromie s'inspire de la lithographie, de l'eau forte (chère au docteur Gachet) et de la gravure par le traitement de la surface du support mais reste cependant une pièce unique intimement liée aux préoccupations du graveur. De dimension et d'un format identique : de 6 à 20 cm de coté sur Ingres d' Arches MBM de 22 x 25 cm. Le traitement en noir (encre) s'attache souvent à la partie « racontée » et la couleur gère le sentiment et/ou le « situé – contexte réel ».
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