Comme pour les deux premiers récits (1) (2), Blin nous emmène dans une suite narrative où nous retrouvons les personnages de cette histoire sous-jacente qui hante l'oeuvre du peintre dès ses début.

Au-delà de son histoire, ce récit interroge les fondamentaux de la représentation narrative  : mémoire – représentation – contexte.

Un récit n'est pas l'Histoire, l'évocation mémorielle mise en oeuvre ici révèle l’ambiguïté de la représentation des personnages : ils ne sont pas tels qu'ils étaient au moment de cette séquence qui commence au petit matin, mais ils sont représentés tels que le narrateur (la narratrice) les a identifié par la suite.

Par endroit, la toile apparaît usée ou délavée comme si le discours avait peine à se remémorer avec certitude.

Le contexte, plus explicite, est mis à distance par ce rouge qui courre de toiles en toiles qui nous rappelle ce rouge omniprésent du Récit de l'Autre. La figuration reste cependant allusive, voire elliptique.

Cette linéarité, cette cohérence du propos plastique, et le rythme qui s'en dégage confirment la spécificité de la démarche du peintre qui, comme il l'explique, a travaillé simultanément l'ensemble de cette suite sur plusieurs années avec de grandes périodes de jachère afin que d'étapes en étapes le travail aboutisse, précis et affiné par une lente maturation.

Composé de 28 pièces présentées en linèaire, le Troisième Récit nécessite un grand espace, il n'a été présenté dans son intégralité que deux fois : en 2021 au Centre d'Art Ca Lambert Xabia - Espagne et à la Fondation Taylor - Paris en 2022.

MK